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Chasuble de Saint-YvesLa chasuble de Saint-Yves
est visible en l'église de Louannec, village voisin de la station balnéaire de Perros-Guirec (Côtes d'Armor),
C'est là que Yves (1253-1303) exerça son sacerdoce en saint défenseur des pauvres prêchant sans relâche l'abandon des biens matériels. Il est donc malaisé d'imaginer
l'ascète portant une aussi superbe parure, vêtement d'apparat dont la coupe signerait par ailleurs une fabrication antérieure d'un siècle. De plus, la chasuble a pu être offerte à l'église du Saint après sa mort. Quoiqu'il en soit, cet ouvrage évoque un Moyen-Age non dépourvu de luxe et, qui plus est, cosmopolite.

La chasuble dite "de Saint-Yves" est une cape fermée sur le devant, tombant jusqu'aux genoux. Elle est entièrement brodée d'un motif répété en tête-bêche, le motif représentant un griffon (monstre mi-lion mi-aigle) agrippé à un arbre feuillu et fleuri, l'Arbre de Vie. Des fleurettes stylisées occupent le peu d'espace disponible entre les répétitions du motif.
La chasuble n'est pas seulement un chef-d'oeuvre d'artisanat : c'est aussi une véritable oeuvre d'Art, la conception rigoureuse et la sûreté du graphisme confèrant aux figures un hiératisme altier.

Les artisans (ou artistes) ont brodé en brocard sur une solide toile de lin des fils mi-soie (soie et lin) de teintes fortement contrastées et des fils d'or de Chypre rehaussant certains détails. Qu'est donc cet "or de Chypre", qui n'a visiblement rien de métallique ? C'est un produit des fonds marins, le byssus de la grande nacre (Pinna nobilis), c'est la Soie de Mer. Le Maestro di Bisso Chiara Vigo le confirme, et précise que le terme "or de Chypre" désigne une façon particulière du travail de la Soie de Mer, donnant un fil grège (non teinté) réservé à la décoration des vêtements sacerdotaux.

Selon le pannonceau didactique du conservateur (la chasuble est, bien sûr, inscrite au Patrimoine national), l'ouvrage proviendrait d'ateliers hispano-mauresques situés soit en Sicile, soit quelque part ailleurs en Méditerranée...
Le Maestro di Bisso Chiara Vigo reconnaît le style espagnol mais décèle dans le graphisme l'influence française..
.
L'origine géographique de la chasuble de Saint-Yves reste donc encore mystérieuse. Mais où que fut l'atelier qui la produisit, ce fut le lieu d'interactions culturelles puissantes et constructives, difficilement imaginables de nos jours hors le témoignage d'objets tels que la chasuble de Louannec.

Eglise Saint-Yves à Louannec
Eglise de Louannec.
Sous la triple figure de Saint-Yves
statuant entre le pauvre (à droite)
et le riche (à gauche), la chasuble.

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Le Griffon
est lié au ciel par sa moitié aigle, et à la terre par sa moitié lion.
Entre ces deux éléments : le feu, dont il partage la symbolique.
Dans les représentations médiévales, il connote les paires superbe-arrogance, humain-divin, intelligence-force, ou encore paradis-enfer.

Le griffon apparaît en Mésopotamie (Iran) dès le IVe millénaire A.C.

Les anciens Grecs lui attribuent la puissance du lion, le regard perçant de l'aigle et sa faculté de voler au plus haut du ciel. Gardien des trésors Hyperboréens, il veille sur la coupe de vin du dieu Dionysos. Apollon le chevauche dans sa course solaire et il tire parfois le char de Némésis, déesse de la vengeance.

Après leur captivité à Babylone (vers 500 av.JC) les Hébreux firent du griffon le symbole de la Perse, et de sa religion dualiste des principes du bien et du mal.

GriffonLes ouvrages de "broderie altaïque" (des nomades des monts Altaï, en Sibérie - IV° siècle avant notre ère) sont les plus anciennes broderies connues à ce jour. Application de cuir et feutre, l'une des premières broderies altaïques orne une housse de selle et elle représente des griffons.

Dès le V° siècle av.JC, les Celtes représentent le griffon en gardien de l'Arbre de Vie. Deux siècles plus tard, en Roumanie, dans l'Est de la France et jusqu'au Sud de l'Angleterre. les griffons sont représentés par deux, face à face et gueules ouvertes, tels le Bien et le Mal qui, mis face à face, peuvent être connus l'un et l'autre en vue de s'attacher au Bien et de renoncer au Mal.

Au Moyen Age, la double nature du griffon interprétée soit comme démoniaque, soit comme symbole de la double nature du Christ, l'aigle symbolisant alors la part divine du Messie et le lion sa part humaine, il est à la fois dieu et homme, roi du ciel et de la terre. A ce titre, le griffon exprime le mythe de la résurrection.
Les Croisés associèrent l'image du griffon à celle du Saint-Graal, la coupe en or sertie de pierres précieuses qui avait contenu le sang du Christ.
Par ailleurs, les oeufs des griffons, qu'on dit couvés sur un nid d'or pur, sont réputés incrustés de diamants. Utiles, leurs griffes changent de couleur au contact des poisons.

Nous savons que les animaux mythiques, fruits de l'imagination humaine, n'ont aucune réalité objective. Cependant, ces images synthétiques s'adressent à la dimension archétypale de notre conscience : le monstre fabuleux représente une énigme que l'homme doit résoudre afin de pouvoir s'en approprier le contenu métaphysique.

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YgdrazylL'arbre de Vie
est tenu par presque toutes les cultures comme symbole fondamental : les branches de l'arbre atteignent le ciel, demeure du soleil fécond, tandis que ses racines s'insinuent dans les profondeurs de la terre, domaine de la mort. L'arbre idéal, liant le dessus et le dessous, le visible et l'invisible, est autant un symbole féminin, dispensateur de vie, et un symbole masculin, visiblement phallique. En ce sens, l'Arbre de Vie est union.

Arbre de VieSi pour les cultures dites "primitives" l'Arbre de Vie représente souvent l'axe du monde, il est aussi l'Axis Mundi des kabbalistes.

Les mythologies judéo-chrétiennes le plantent au centre du Jardin d'Eden et il est associé à la croix christique. L'arbre de Noël contemporain porte encore ces représentations, mais ses fruits ne confèrent plus l'éternité comme ceux de l'Arbre du Mal au Paradis Terrestre.
Tambour shaman : l'Axe du MondeL'Arbre de Vie et ses fruits ineffables n'est pas facile à découvrir et il est presque invariablement gardé, soit par un Seraph (ange sous forme de serpent ardent) brandissant une épée flamboyante, soit par un dragon (protégeant les pommes de la connaissance volées par le "divin" Hercule) soit par un serpent (selon les mythologies Maya, Hindouistes et Norse), soit par un griffon.

C'est pourtant sous cet arbre qu'Odin conçut le don du langage et que Bouddha reçut l'illumination.

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